1. Les archives
Les archives susceptibles d’aider à la reconstruction virtuelle du château et de la ville au Moyen-Age sont peu nombreuses. Cependant la qualité n’est pas négligeable. La première référence remarquable est la carte de « La Terre et Prévostée de Neufchasteau avec ses despendences » datée de 1609 et plus connue sous l’appellation Carte d’Arenberg (Fig. 1). Cette toile, peinte à l’huile, de 3,70 m sur 2,10 m, constitue le seul panorama de la seigneurie connu à ce jour. Le peintre, placé au dessus de la rue Saint Roch, nous a transmis un plan suffisamment précis de la ville, ses remparts, ses trois portes, ses petites rues étroites, ses commerces et ses tavernes, sa halle, sa chapelle, son château et une vue globale de la Seigneurie avec ses villages (encore tous présents aujourd’hui), ses terres de culture, ses forêts et ses petites industries : moulins, scieries, tanneries, forges. Toutes les publications archéologiques relatives à cette période s’inspirent de la carte d’Arenberg en offrant la meilleure interprétation possible sur base des connaissances médiévales de la région. Une autre pièce d'archive connue est le dessin "Castrum Desolationis" de Louis de Frahan en 1657 après les bombardements de Louis XIV (Fig. 2)
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| Fig.1 - Carte d’Arenberg 1609 Source : Photo de l'auteur. |
Fig.2 - "Castrum Desolationis" 1657 Source : "Histoire du Pays de Neufchâteau. La ville. La seigneurie. Le Ban de Mellier" de A. Geubel et L. Gourdet, 1956. Editions J. Duculot. |
D'autres sources d'information existent au XVIII ème siècle. Deux plans supplémentaires de 1741 sont conservés dans les archives provinciales. Il confirme l'emplacement général du château. On y trouve encore la trace des cours haute et basse, la maison prévôtale, les ruines du donjon, le lombard. Hormis la Tour Griffon tous les autres éléments du château sont déjà en ruine au milieu du XVIII ème siècle (Fig. 3). Le second plan est beaucoup trop succinct pour être exploitable. Tout au plus quelques indications concernant les chemins et l'allure générale du bourg mais rien de tangible en terme de cadastre (Fig. 4). Les cartes de Ferraris réalisées dans nos régions de 1770 à 1778 pour le compte des Pays-Bas autrichiens sont trop imprécises pour en tirer grand profit dans la reconstitution de la cité médiévale.
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| Fig.3 - Neufchâteau - Le château et ses dépendances - 1741 Source : "La carte d'Arenberg de la terre et Prévôté de Neufchâteau en 1609 (avec le ban de Mellier et la seigneurie de Bertrix) de P. Hannick et J. M. Duvosquel, 1996 |
Fig.4 - Neufchâteau - Le château et le bourg - 17.. Source : "La carte d'Arenberg de la terre et Prévôté de Neufchâteau en 1609 (avec le ban de Mellier et la seigneurie de Bertrix) de P. Hannick et J. M. Duvosquel, 1996 |
2. Bibliographie
La pièce maîtresse de toutes les publications à ce jour est sans conteste le magnifique ouvrage « Histoire du Pays de Neufchâteau. La ville. La seigneurie. Le Ban de Mellier » de A. Geubel et L. Gourdet, 1956. Aucune représentation précise de la seigneurie au Moyen-Age ne serait possible aujourd’hui sans ce chef d’œuvre. Cet ouvrage n’est que minutie, précision et années d’efforts pour transmettre toutes ces connaissances historiques locales aux générations futures. D’autres publications seront d’une grande utilité pour une lecture minutieuse de cette carte avec toute l’expertise requise. Ces différentes sources bibliographiques sont listées ci-dessous.- Carte d'Arenberg 1609
- "Histoire du Pays de Neufchâteau. La ville. La seigneurie. Le Ban de Mellier" de A. Geubel et L. Gourdet, 1956. Editions J. Duculot.
- "La carte d'Arenberg de la terre et Prévôté de Neufchâteau en 1609 (avec le ban de Mellier et la seigneurie de Bertrix) de P. Hannick et J. M. Duvosquel, 1996
- "Terre de Neufchâteau". Livre sur l'exposition organisée du 11 avril au 4 mai 1968 à l'hôtel de ville de Neufchâteau
- "Neufchâteau à livre ouvert" : chapitres sur le château et le bourg publiés à l'occasion du 800e anniversaire de la ville de Neufchâteau,1999. Editions Weyrich
- "Castrum desolationis". Louis de Frahan, 1657.
- "Le château retrouvé" de Christian Kellen, 2010. Editions Weyrich
- "Initiation à l'architecture française" de Robert Bornecque, 2013. Presses Universitaires de Grenoble
- "La Wallonie - Le pays et les hommes" sous la direction scientifique de H. Hasquin, 1975. La renaissance du livre.
- "La ville de Neufchâteau à l'aube du XIX e siècle. Essai de reconstitution du paysage. " de P. Hannick, 1975. Annales de l'institut archéologique du Luxembourg, Arlon. Tomes CVI- CVJJ Années 1975-1976
La plupart des précisions utiles extraites de ces références pour la construction du modèle 3D du château et du bourg vers 1609 sont consolidées dans le tableau suivant. Chaque information utile est répertoriée suivant la référence avec un commentaire de travail pour l’avancement du projet. Tout n’est pas certitude absolue et plusieurs zones d’ombres subsistent quant à l’élévation des bâtiments ou les différents matériaux par exemple. Place est donc laissée à certaines hypothèses basées sur l’architecture médiévale connue s’il n’y a pas d’autre choix. Raison de l’importance des commentaires et réflexions dans le tableau ci-dessous. La vue plan (Fig. 5) tirée de [2] avec sa légende est donnée ici pour une meilleure compréhension.
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| Fig.5 - Le château-fort et le bourg vers 1600. Source : "Histoire du Pays de Neufchâteau. La ville. La seigneurie. Le Ban de Mellier" de A. Geubel et L. Gourdet, 1956. Editions J. Duculot. |
| Information(s) | [Réf.] |
Commentaire(s) |
| 7 tours debouts |
[3] |
Probablement 9 tours à l'origine. Tour Nord (N° 4) détruite par tirs d'artillerie. Face plus exposée) |
| Tour carrée incorporée dans la maison prévôtale avec escaliers d'accès en bois |
[3] |
Fondation encore visible à l’Institut Saint-Michel. |
| A l'arrière : porte protégée par une herse basculante |
[3] |
Arrière du château plus abrupte qu’aujourd’hui. |
| Basse-cour : jardins et puit (au centre) |
[3] |
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| Bâtiments seigneuriaux à l'avant du château |
[3] |
Uniquement visu de la carte |
| Lombard : grange au SE rebâtie avec toit de chaume. Pont-levis d'accès au fort |
[3] |
Position et orientation à clarifier |
| Pont d'accès au château : structure à 3 chevalets |
[1] |
Uniquement visu de la carte |
| Mur d'enceinte avec fossé |
[1] |
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| Escarpe et contre-escarpe à l'intérieur de l'église actuelle 6-7 m de large et 6-7 m de profond |
[2] |
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| Plan perspectif du château et du bourg |
[[2] |
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| Muraille extérieure : estimation 12 m |
[2] |
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| Confirmer la position de la porte d'Hamipré |
[1],[2] |
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| Lombard : muraille sur tout le tour sauf côté château |
[2] |
pour mettre l'assaillant à découvert |
| Cour haute : mur crénellé. Pas pour la cour basse. |
[3] |
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| Donjon : toit bulbeux |
[2] |
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| Chapelle castrale près du donjon |
[2] |
Uniquement visu de la carte |
| Basse cour : mur surbaissé sans créneaux ni grosses tours |
[3] |
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| Basse cour : grand puit couvert d'un toit conique |
[3] |
Le résultat ciblé étant une mise à jour de cette perspective cavalière de monsieur L. Gourdet en 1956 (Fig. 6) avec les connaissances archéologiques supplémentaires obtenus depuis et avec l’aide de tous les puissants outils informatiques d’aujourd’hui.
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| Fig.6 - Le bourg et le château. Perspective cavalière. Source : "Histoire du Pays de Neufchâteau. La ville. La seigneurie. Le Ban de Mellier" de A. Geubel et L. Gourdet, 1956. Editions J. Duculot. |
3. Les fouilles
Dans l'élan de la célébration du 800 ème anniversaire de la ville et avec la découverte fortuite des traces du donjon et de la courtine attenante, des fouilles furent entamées par le Service d'Archéologie Wallonne sous la direction de Mr Henrotay. Nous reprenons ici les éléments clés :2000
Chronique de l'archéologie wallonne - Lien vers le rapport détaillé
- Fondation pleine d'une tour circulaire de 14,5 m. Confirmation de la grosse tour mentionnée en [2].
- Niveau primitif de la cour est 1,20 m plus bas qu'aujourd'hui
- Les dimensions importantes de la base de cette tour en font une tour maîtresse dominant les courtines et les autres tours de flanquement
- Cette tour massive est d'une conception dont les prototypes datent du règne de Philippe-Auguste (1180-1223). Information clé qui nous servira de guide architectural pour sa reconstruction.
- Le château comporte une tour carrée (au sous-sol de l'Institut Saint-Michel) qualifiée de donjon qui peut être antérieure à la tour circulaire mise au jour
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| Fig.7 - Emplacement de l'enceinte. En noir, les vestiges de la tour repérée en 2000. Source : Infographie M. N Rosière, service Archéologie, Dir. Luxembourg, MRW |
2002
Chronique de l'archéologie wallonne - Lien vers le rapport détaillé
- Poursuite du dégagement de la fortification. Courtine cour basse côté Est.
- Parement extérieur de la courtine dégagé sur une longueur de 24 m.
- Mise en évidence d'une bifurcation pour épouser l'éperon rocheux.
- Le château comporte une tour carrée (au sous-sol de l'Institut Saint-Michel) qualifiée de donjon qui peut être antérieure à la tour circulaire mise au jour
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| Fig.8 - Dégagement d'une courtine. Vue en plan de l'enceinte castrale. En noir, les vestiges découverts en 2002. - Source : Service Archéologie, Dir. Luxembourg, MRW |
2007
Chronique de l'archéologie wallonne - Lien vers le rapport détaillé
- Découverte de la tour jouxtant la maison prévôtale des comtes de Rochefort
- La tour présente un diamètre extérieur de 16,92 m.
- Succède à une tour plus modeste de diamètre intérieur de 3,60 m..
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| Fig.9 - Dégagement de la tour NE. - Source : Service Archéologie, Dir. Luxembourg, MRW |
Fig.10 - Reconstruction de la courtine SE ... des années de dur labeur ! Respect et admiration.
Source : Photo de l'auteur.